Le jazz, quelle forme d'art c'est. Il est passionnant, émouvant, ancré dans l'histoire et la douleur, et a le don de vous transporter dans des lieux irréels où le monde est façonné par des notes de musique.
L'idée
En me promenant dans le Louvre, je suis tombé sur ce musicien. Mais en passant devant lui, j'avais imaginé une photo que j'étais incapable de prendre à cause du cadre et de la lumière. Frustré, je suis parti et j'ai continué à prendre des photos de la pyramide. Mais, alors qu'il jouait du saxophone, je me suis retourné, espérant pouvoir obtenir un meilleur angle et utiliser l'environnement à mon avantage.
Ces barreaux entre lui et moi sont les barreaux de la censure, de la discrimination raciale et de la domination blanche dont la communauté du jazz a souffert pendant des années. C'est aussi la dure vérité de la vie d'un artiste.
Pourquoi le jazz, comme le blues, est-il si puissant et si séduisant ? En raison de l'endroit où il prend ses racines. Le jazz est une forme d'expression libre basée sur les sentiments, l'aspect d'improvisation du jazz, l'une de ses caractéristiques fondamentales, a conduit les hommes et les femmes à créer non pas en fonction de ce qui sonnait "bien", mais plutôt de ce qui sonnait "juste". Le jazz baigne dans de nombreuses émotions différentes, qui parlent toutes aux gens d'une manière ou d'une autre.
Il est libérateur, excitant, effrayant, mélancolique, mais surtout, il vous prend aux tripes. Le jazz n'a jamais été destiné aux Blancs, et encore moins à la classe supérieure. Il était censé rester dans les limites de la communauté noire puisqu'il s'agissait d'une forme de musique "impure". Il racontait des histoires que l'élite ne voulait pas entendre, ou auxquelles elle ne croyait pas. Pendant longtemps, le jazz a été l'expression musicale des opprimés, à l'instar du blues, dont il est issu. Grâce à ce titre, l'art s'est développé et s'est installé dans le cœur de beaucoup de ceux qui souhaitaient voir disparaître le conformisme de la musique sociétale, y compris les Blancs qui n'avaient jamais vu une telle chose.
On s'éloignait de l'ambiance très maussade de l'avant-guerre faite de blues, de chants de travail et de "field hollers". Il était maintenant temps pour quelque chose de plus rythmé, qui faisait bouger le corps. Alors que le blues faisait dire aux gens des choses qu'ils ne devaient pas dire, le jazz faisait bouger les gens comme ils ne devaient pas le faire. Le jazz a contribué à libérer le corps et, d'une certaine manière, les femmes, bien qu'à cette époque le jazz il soit exclusivement réservé aux hommes, mais sa contribution ne viendra que plus tard.
L'homme, derrière les barreaux, que l'on remarque à peine, qui n'est pas tout à fait au point, et qui a la peau claire, est une image du jazz et de son évolution à travers le temps. Forcé (ou non) de jouer dans les rues froides de Paris pour gagner sa vie, ou simplement pour jouer pour les autres, l'homme incarne la nature même du jazz. Jouer là où les riches ne le feraient pas, et dans des conditions qu'ils ne voudraient pas. C'est ça, le vrai jazz. Il est brut, difficile à saisir, parfois dissonant, c'est la chanson du peuple, il dit la vérité.
Ma photo souhaite raconter cette histoire de la manière dont elle le peut.
La technique
Pas de technique ici. Juste l'émotion retranscrite à travers sa présence et sa musique.
Bien sûr, le cadrage nécessite une certaine technicité, car le placer entre les barres n'était pas facile, mais que ce soit à la prise de vue ou au montage, je n'ai pas créé quelque chose d'incroyablement complexe.
La seule technique, dont on pourrait dire qu'elle relève de la sensibilité artistique, est la façon dont mon œil a capté ce qui a été vu, différemment de ce qu'aurait fait n'importe qui d'autre. Le fait que je puisse dire qu'en me retournant, j'étais capable de prendre la photo que je voulais, c'est de la technicité artistique.
Outils
Appareil photo : Canon 1300D
Objectif : Canon 80-200 mm
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