L'innocenza

L'innocence est le trait le plus important à posséder tout au long de notre vie. Elle nous permet de garder une curiosité aiguë pour notre environnement et nous donne de l'ESPOIR.

L'idée

C'est en me promenant dans le château Sforzesco à Milan que je suis tombé sur ce spectacle de pure joie.

Au début, ce sont les canards qui ont attiré mon attention ; je voulais attraper ces petites pattes qui barbotaient dans l'eau, mais ensuite, ce sont les enfants et leur réaction face à une scène aussi merveilleuse que je voulais saisir, car c'est ce pur sentiment d'émerveillement que j'ai ressenti à ce moment-là.

Dans ce moment de joie pure et simple, tout semblait clair, comme si aucun problème au monde ne pouvait empêcher ces enfants de s'amuser.

Mais, je pense que ce qui a le plus attiré mon attention est le contraste entre la première et la deuxième fille. La fille la plus aventureuse essayant de s'approcher si près du canard qu'elle pourrait tomber dans l'étang et la plus introvertie se protégeant du reste. Elle ne veut surtout pas s'approcher trop près. On a même l'impression qu'elle ne regarde rien. Elle ne regarde pas les canards qui se promènent. Elle ne s'intéresse pas à cela, elle trouve son intérêt dans la tranquillité de l'étang peut-être.

En outre, c'est le cadrage des adultes qui est tout à fait pertinent ici. On ne voit que leurs jambes désincarnées. Ce n'est pas le produit de ma volonté spécifique, mais plutôt le produit de la façon dont nous interagissons avec notre monde. C'est assez révélateur de l'approche plus manuelle que les enfants adoptent lorsqu'ils observent le monde, comment tout doit être à leur portée pour qu'ils puissent expérimenter la vie. Ils n'ont pas peur de tomber malade, de se blesser ou même d'échouer, ils le font simplement parce que leur esprit innocent n'est pas encore modelé par le monde induit par la productivité dans lequel nous vivons et qui exige que nous produisions pour le bien de la société, de la famille ou de nos patrons.

Les enfants prennent le temps d'apprécier les merveilles de notre monde, chose que nous pensons ne pas avoir à faire parce que nous avons déjà vu des canards, des ponts, des avions, des backflips... mais comme toutes ces choses sont incroyables ! La vie devrait toujours être une découverte constante d'événements, d'objets et d'êtres magnifiques, car tout cela n'est pas un acquis, c'est un cadeau.

La technique

Ces enfants étaient au bord de l'étang, je me suis donc agenouillé pour capturer un angle plus bas, plus proche de celui de leur taille. Ceci, afin d'amener le spectateur au même point de vue qu'eux, de manière à saisir ce qu'ils ont saisi avec leur vision du monde.

Dans un environnement comme celui-ci, il y avait de nombreuses possibilités quant à ce que j'aurais pu faire en termes de composition, la première étant de faire du bord de l'étang ma ligne de symétrie horizontale entre les canards et les enfants. Cela aurait donné une réelle distinction entre le monde animal et le monde humain. Cela aurait également donné une photo intéressante, mais aurait attiré l'attention sur tous les enfants, et pas seulement sur celui qui est le plus à l'avant. Cela aurait bien fonctionné s'ils avaient une certaine symétrie dans leurs poses, ou, au contraire, une dissymétrie. Le problème ici est que je n'avais pas tout à fait cela, et le spectateur n'aurait pas su où regarder.

C'est pourquoi j'ai placé la bordure comme ligne directrice pour aller du bas gauche au haut droit de la photo. Comme nous l'avons dit dans un précédent post, l'art, dans de nombreux cas, consiste à créer un chemin que les yeux du spectateur peuvent suivre. En procédant ainsi, j'ai réussi à mettre la fille la plus intéressante en avant et à créer une position de repos confortable pour le spectateur.

Les lignes sont les pièces centrales de ce travail. Je vais montrer ce que je veux dire avec une illustration. Mais l'idée principale est de donner au public quelque chose qu'il a envie de regarder et qu'il est curieux de découvrir. Les lignes directionnelles de cette pièce donnent au spectateur quelque chose à se mettre sous la dent.

En orange, j'ai dessiné les lignes primaires, celles que le spectateur regardera en premier. La figure centrale est mise en évidence en orange. Comme vous pouvez le voir, l'idée est d'avoir une suite d'éléments que le spectateur peut découvrir au fur et à mesure qu'il regarde l'œuvre. En promenant nos yeux sur la bordure, nous tombons sur le canard, l'enfant (dont nous réalisons ensuite qu'il interagit avec le canard) et enfin les jambes des adultes qui nous bloquent la vue. Ce blocage est très important pour la photo, car il donne un sens au contraste entre l'adulte et l'enfant. Il dit au spectateur : "Regardez ! Les adultes sur la photo contrebalancent la composition, ils ne sont pas " les bienvenus ". "

En violet, j'ai souligné la lecture secondaire de la photo, les éléments que le spectateur regardera de plus près une deuxième fois. Ce n'est pas une science exacte ; les gens peuvent en fait regarder la fille à gauche en premier, ou regarder les adultes, mais, en général, l'idée est celle que j'ai illustrée : le public posera ses yeux sur les figures secondaires qui complètent celle du centre occupant un plus grand espace. En plus de cela, nous sommes souvent curieux de comprendre ce que font les sujets d'une photo. Par exemple, la deuxième lecture de cette image nous apprend qu'en réalité, la fille du milieu ne regarde pas le canard qui se trouve presque au centre, mais un autre, sur le côté, regardez ! On peut voir sa queue !

Il y a une dernière lecture, dont même moi je n'étais pas vraiment conscient avant de faire l'illustration, et ce sont les reflets et les ombres. Regardez la façon dont les enfants sont représentés par l'étang. Nous pouvons voir leurs ombres nettes, à tous les trois. Regardez maintenant les adultes, c'est leur reflet déformé que l'on voit. Comme si, encore une fois, les enfants et les adultes étaient distincts, et que l'étang acceptait les enfants, mais pas les adultes.

Outils

Appareil photo : Canon 1300D

Objectif : 18-55 mm