En Bretagne, à Saint-Malo. Ce ciel criait la force, la puissance et la destruction. On dirait que le ciel est déchiré par un feu allumé quelque part loin à l'horizon.
L'idée
C'est le meilleur exemple de la façon dont une vision peut changer un point de vue.
Quand j'ai vu ça, tout faisait penser à une peinture baroque représentant le Tartare. Un feu sortant des entrailles du sol, où semble se trouver la civilisation, comme si elle était déchirée par la colère des Dieux.
La puissance de cette vue est étonnamment terrifiante. Elle nous rappelle à quel point nous sommes insignifiants dans le grand ordre des choses. Nous sommes si petits, si vulnérables, si fragiles ; c'est incroyablement impressionnant de voir le vaste ciel au-dessus de notre tête, comme s'il pouvait nous écraser à tout moment.
Les couleurs de cette œuvre sont tellement surréalistes, le dégradé de bleus semble onirique, et la teinte orange du soleil qui frappe les nuages est tout à fait impossible. Une peinture ne ferait pas la moitié de ce que cette composition fait, car non seulement elle est fantastique, mais le fait qu'elle soit vraie donne un plus grand impact à ce que nous voyons : c'est la réalité.
Le fait qu'une si belle image du ciel puisse être créée de manière aléatoire par la rotation du vent, la condensation des masses d'eau environnantes et la position du soleil montre bien que, quelles que soient les compétences, les connaissances ou les outils dont nous disposons, les humains et l'IA ne pourront jamais surpasser l'art incroyablement fragile et pur créé chaque jour autour de nous par la nature.
Une fois encore, vous aurez remarqué que le "feu" naît du seul endroit de l'image qui semble porter la vie humaine. Presque comme un organe qu'il rejette, l'image qu'il transpire est celle à laquelle nous sommes confrontés depuis plus de 50 ans. L'incendie et le délabrement de notre foyer aux dépens des créatures qui y vivent, y compris les humains, à cause de notre besoin maniaque de construire, d'étendre et de croître constamment est plus tragique que toutes les tragédies grecques. Que ce soit à cause de notre nature intrinsèque, ou du mécanisme du capitalisme (ou plutôt des deux), nous sommes confrontés à un combat que nous sommes voués à perdre. Le feu des entrailles de notre sol finira par nous brûler.
La technique
La composition est la substance principale de cette photo. Bien que je n'aie jamais rien établi en termes de sujet et d'angle, ce que j'ai apporté à la photo, c'est un cadre. En tant que photographe, votre principal outil de création est le cadrage, c'est votre pouvoir. Vous encadrez le monde avec vos outils, votre vision, votre créativité.
Il serait prétentieux de mentionner la séquence de Fibonacci, mais il y a une sorte de flux séquentiel dans l'image lorsque vous regardez la façon dont tout se déroule à partir de la source de lumière. Il y a de l'attrait dans les mathématiques de la nature.
Plus encore, la composition utilise le principe de l'espace vide pour créer le sentiment d'immensité que le ciel transmet. Seule une petite partie de la vue est occupée par le "feu". Ce faisant, vous donnez un sens au contraste entre l'immensité et le sujet, et vous construisez la relation entre les deux. Si je n'avais pas cherché à atteindre cet objectif, la beauté n'aurait été que dans les couleurs et la forme que prend la lumière qui rebondit et est absorbée par les nuages. Comme je l'ai mentionné dans un précédent article, personne ne vous accusera d'avoir un mauvais sujet, mais une mauvaise composition peut détruire une œuvre.
Tout est question de narration.
Outils
Appareil photo : Canon 1300D
Objectif : 18-55 mm
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